À quoi tu penses ?
Pièce pour un acteur et un ordinateur
Lieu de la représentation : Salle de classe, foyer, bibliothèque, théâtre...
Public visé : à partir de la 4 ème
Durée : 50 min de spectacle + 1 h de débat avec les élèves
Interprète en alternance : Fanny Violeau / Louise Tardif / Quentin Quignon
Ce qui va suivre est une tentative de raconter le spectacle ou plutôt une certaine idée du spectacle en mêlant des éléments contextuels et des éléments de texte. Nous essayons de donner une saveur à ce petit objet spectacle par cette suite de mots et de liens internet. Ce spectacle a été pensé comme une odyssée.
L'odyssée d'un individu face à un questionnement sur lequel il bute et dans lequel il s'engouffre. Dans cette Odyssée ses deux seuls compagnons seront son corps (tête + Enveloppe corporelle) et le virtuel (son ordinateur connecté à internet)
Un individu entre dans la salle de classe. Il est au téléphone. On devine que son interlocuteur fait partie de son cercle amicale et vient de perdre le vélo qu'il lui avait prêté. S’en suit un appel avec sa mère, puis avec un membre de l’administration pour refaire sa carte d’identité.
Il finit par s’installer devant son ordinateur et s’employer à faire ce pour quoi il est là :
Après avoir tenté de répondre instinctivement à cette question il va se tourner vers son meilleur allié ... LINTERNET.
"Cogito Ergo Sum"
Je pense donc je suis !
Oui, Mais ... JE SUIS QUOI?
Pour tenter de satisfaire sa quête métaphysique il ira chercher ses réponses sur You Tube:
À QUOI PENSENT LES PHILOSOPHES?
(...)
S'en suivront :
Une Recherche de L'objet parfait pour élaborer sa pensée
Une séquence endiablé d'associations d'idées via Google Images
Un retour à l'énoncé de la question!
Après avoir relevé que la question n’était pas « À quoi JE pense ? » mais « À quoi TU penses ? », notre aventurier essayera de poser cette question à un TU présent dans le public. Cette méthode ne saurait le satisfaire pleinement...
Il va donc tenter cette chose idiote et naïve de dire ce "À quoi tu penses ?" à son double virtuel/son reflet dans la machine/son image dans la webcam:
Tragédie : impossibilité de se diffracter pour parler à son TU à soi.
Au plus mal de sa quête, en pleine dépression, il tombera par hasard sur une sorte de visioconférence des grands penseurs de l'Histoire.
Ils semblent s'être réunis pour lui apprendre ce que c’est que la pensée et quelle est l’attitude à adopter.
Ce débat ne sera pas de tout repos, les protagonistes étant évidemment en désaccord musclé.
Thoreau l'un des penseurs nous expliquera par exemple que "la pensée c'est comme les Haricots"
Descartes finira par reprendre la parole pour dire qu’on a oublié ce par quoi commençait la fameuse réplique du Cogito Ergo Sum:
« Cogito ergo sum, d’accord, mais avant il y a
Dubito ergo Cogito,
je doute donc je pense,
il faut douter, douter et approfondir la réflexion, sinon, sinon… c’est de la merde. »
L’individu vivifié par l'odyssée qu'il a parcourue reviendra à sa page Word pour tenter de commencer son travail d’écriture.
Après avoir écrit quelques lignes il se lèvera pour répondre au "À quoi tu penses?" à sa manière, en libérant le flot de parole qui le traverse et tout cela au milieu du public.
Extrait du Texte final (écriture Romain Nicolas):
Musique pour libérer la pensée
A quoi tu penses ?
C'est une question qui m'est posée mais quand je la dis elle ne m'est plus posée.
C'est un tu, un tu qui tue, un tu général, un tu de tout le monde, un tu de la marche de l'homme,
l'homme qui marcher qui marche
Marcher c'est tomber en avant et toujours se rattraper.
Marcher c'est avancer. La pensée marche. La pensée fait tomber en avant. La pensée fait pencher.
C'est manquer de tomber dans le noir du dedans
c'est quand enfant t'as caillassé un crabe
Gros crabe
Caillassé
Caillassé le crabe
Je pense
Lapidé l'afghane
Lapidé
Oui voilà oui ! Lapidée ! Lapis lazuli! La pierre des égyptiens ! Les pyramides ! Que suis quoi que pense ! Que suis la femme afghane, le crabe, la pierre et la pyramide !
Je suis la terre qui révolutionne toutes les journées
Je révolutionne tant !
Karl Marx est jaloux !
Je pense au Sahara, à la république des Tchèques,
Je pense aux Ceausescu qu'ont perdu la tête sur toutes les télés et en direct
Je pense à l'ours qui éleve l'enflant qu'est dev'nu comme un ours
Et à l'ours élevé par l'enflant qu'est resté comme un ours
Je pense en dansant comme une abeille ! Je danse! Je danse comme un zoulou t'en transe !
Je suis l’aigle de Mongolie
les astrophysiciens, les calculs
les astronautres qui sont comme nous
les astrobales qui rebondissent
Le désert du Gobi qu’est un poisson
Les pêches à la ligne
Les décollages vertical des bombardiers Hercules C-130
L’ADN à hélice qu’est la même pour tous
L’Afrique qui se frotte à...
Le frottement des jambes sur le jean quand tu marches
les sculptures classiques et antiques et psychokinétiques
les sculptures sculptées pétées, décapétées, sans bras ni jamb' qui sont quand même dans des musées !
Mais je pense à tout ça mais je le vois :
Que peut tout faire que pense à les possibles qui sont les possibles je peux à tout instant tout tout
faire tout foirer tout renverser
Je pense à la fenêtre, je peux me cogner la tête à la fenêtre et, comploter'un attentat, direct, direct,
direct je peux
je peux
je pense à la liste entière des gens que peux tuer là maintenant tout de suite là maintenant,
les remplir de plastique explosif
les fourrer de C4 oui de C4
que l'explosion les fasse exploser
comme une statue antique qui exploserait en morceaux d'atomes
d'atomes dans toutes les directions comme une sphère
comme une grande sphère
une grande sphère de poussière d'neux dans toutes les directions
la sphère qui s'étend qui s'étend oui elle s'étend la sphère elle s'agrandit
et elle entre en contact avec tous les atomes tous
les atomes de l'univers
Je pense putain !
Je pense et j'explore en pensant dans toutes les directions
Je pense et je pense et je pense et
Je pense à cette salle aux quatre murs
au sol qui porte nos corps
aux fondations qui portent le sol
à la charpente sans ce quoi le toit nous broierait instantanément
au corps de mon voisin de gauche
à son téléphone portable et au mien
à que si que lui envoie un sms alors le message
décolle le message décolle dans l'espace et vra frapprer le satellique de téléconn et frappe et frappe
et revient retraverse l'espace 60000 kilomètres, 60000 en 4 secondes, 60000! et fait sonner le voisin
je pense à je pense à la chaleur de nos corps réunis 30 corps assemblés, moyenne 26,5°C
je pense à mes pieds qui touchent mes semelles
je pense à la force qui me pousse du sol dans les jambes
je pense à mes tibias à mon ventre à j'ai faim putain j'ai faim
à toi avec ta tête ta coupe et ton manteau
à toi qui veut partir depuis le début
à toi qui baille
à toi qui pétille dedans
à toi qui doit courir super vite
à toi qui regarde ailleurs
à toi qui veut pas qu'euj'die à toi
je pense à l'air entre nous entre toi et toi et toi et toi
à l'air qui fait qu'en fait tout le monde touche tout le monde par l'air
la sonnerie du téléphone portable interrompt le slam de notre aventurier.
Puis l'individu répond à sa mère.
Il semble soulagé. Changé aussi un peu.
Il sort de l'espace.
Le public est désormais seul.
Rien n'a changé, pourtant nous pourrions parier qu'il s'est passé quelque chose.




